Haut de page
Résumé / Compte-Rendu
L’étape du tour est une épreuve cyclosportive connue et convoitée dans le monde entier.
Organisée par Amaury Sport Organisation (ASO) elle reprend l’étape la plus emblématique du
tour de France. Les coureurs professionnels s’y alignent, en général, 3 à 4 jours après les 16000
amateurs éclairés qui ont la chance d’avoir décroché le précieux sésame.
Selon ASO, l’étape du tour, c’est 35% de coureurs venus de l’étranger, dont 1/3 d’Américains,
71 nationalités représentées, 40 % d’abandons (voyons-le autrement, 60% de réussite !), une
flotte de véhicules d’assistance, comprenant deux hélicoptères et onze ambulances, 75 motos
suiveuses, 400 bénévoles, etc.
L’étape du tour est un Graal, un passage obligé pour le cycliste passionné. S’y aligner en vélo
solo est un exploit, mais s’y engager en tandem est un pari qui ne se prend pas à la légère.
L’étape du tour 2022 était convoitée ; après deux années d’annulation, elle reprenait enfin,
sur un tracé mythique, considéré comme le plus difficile et le plus extraordinaire qui soit ; 3
cols, Galibier, croix de fer et Alpe d’Huez, entre Briançon et la station de l’Alpe d’Huez, soit
4700 mètres de dénivelé positif et 167 kilomètres de routes de montagne. Les 16000 dossards
s’arrachent en quelques heures. Grâce à l’influence de notre champion olympique, Alexandre
Lloveras, le tandem club rhodanien se voit offrir 6 dossards pour les tandémistes qui
souhaitent s’y confronter. 6 équipages se constituent et s’engagent dans une préparation
sérieuse. Pilotes et stokers non voyants enchaînent les entraînements, afin d’arriver sur
l’épreuve avec un maximum de chance de réussite.
Cette préparation soude les équipages ; lorsqu’un stoker flanche, son pilote le motive. Quand
un pilote doute, la motivation de son stoker le pousse à s’entraîner plus fort. Les tandémistes
savent que rien ne doit être laissé au hasard. Pour la sécurité et la réussite de tous, c’est toute
une équipe qui s’engage aux côtés des coureurs.
Une équipe de six personnes se constitue pour l’organisation et le suivi des coureurs ; deux
hôtels sont réservés, l’un à quelques encablures du départ à Briançon, l’autre non loin de
l’arrivée, proche de l’Alpe d’Huez. Un camion est loué, pour le transport des tandems. Notre
mécanicien et pilote, Frédérique, vérifie tous les tandems. Certains vélos appartiennent aux
stokers, d’autres sont ceux du club.
Deux voitures personnelles font le déplacement. L’équipe complète part de Lyon le samedi en
fin de matinée, pour regagner Briançon et récupérer les dossards.
A quelques jours du départ, une équipe positive au covid est contrainte d’abandonner. Une
seconde équipe est confrontée à des problèmes mécaniques sur un tandem du club trop peu
fiable ; elle ne risquera pas l’étape et est contrainte d’abandonner à son tour.
L’aventure est lancée. Staff est coureurs, réduits à 4 équipages, sont à pied d’œuvre le
dimanche à 5 heures. Dernier débriefing autour d’un petit déjeuner consistant. 3 conducteurs
gèrent le déplacement jusqu’au départ, un aidant, à vélo, escorte les tandems jusqu’aux sas
de départs afin de récupérer les affaires chaudes que nos coureurs revêtent en attendant le
coup de feu.
La course est lancée à 7 heures. La journée s’annonce radieuse, chacun est prêt à tenir son
rôle, et les feuilles de route, à vélo comme en voiture, sont mémorisées.
À 9h30, le staff a chargé les bagages et s’apprête à regagner l’arrivée par le col de Sarenne,
seule voie ouverte, pour joindre l’Alpe d’Huez. Il faudra 4 heures aux deux voitures et au
camion pour rallier l’Alpe d’Huez. Le staff n’aura de cesse de pister l’avancement des
équipages sur le traceur de la course pour arriver à temps, accueillir les premiers et venir en
aide, s’il le fallait, aux tandems en difficulté.
Nos coureurs, préparés et volontaires, ne failliront jamais. Alexandre Lloveras et son pilote
arriveront, sans surprise, les premiers, après 8h 50 de course, suivis par Paul et Frédéric, son
pilote, qui, malgré un dérailleur cassé dans une ascension, continueront à la force des mollets ;
un exploit qui n’aurait pu se faire, sans une cohésion exceptionnelle, du pilote et de son
coéquipier non voyant !
Sur le traqueur de la course, les deux autres tandems sont annoncés avec beaucoup de retard.
L’équipe accompagnante se scinde ; deux personnes s’engagent en courant dans la descente
de l’Alpe d’Huez, fermée, naturellement aux voitures, pour venir au-devant des derniers.
Malheureusement, des imprévus techniques entravent irrémédiablement la course de nos
deux équipages, pourtant assez frais encore, pour s’engager dans le dernier col.
Les deux tandems défaillants, équipés de freins à patins, n’ont pas résisté aux descentes
terribles. Les roues en surchauffe mettant en jeu la sécurité de nos coureurs, ces derniers ont
été contraints, à contrecœur, d’abandonner.
L’équipe dans sa totalité se retrouve pour le repas du soir, chacun narre sa journée,
passionnante et excitante pour tous les acteurs de ce jour mémorable, « base arrière » ou
sportifs, nul ne conteste en cette fin de journée le rôle primordial de chaque engagé.
L’équipe est unanime ; c’est une chance extraordinaire de vivre un tel événement. Il n’aurait
pu se dérouler, sans les dossards, bien sûr, mais sans un budget important, alloué aux
transports, aux hébergements, aux repas, et au matériel également. Nous le constatons, et
cette journée doit servir de point de réflexion ; nous avons des pilotes et des athlètes nonvoyants engagés et demandeurs, nous avons la volonté, mais sans un matériel parfaitement
adapté à de tels dénivelés, nous risquons des défaillances. Il est impératif aujourd’hui, si nous
souhaitons renouveler l’aventure, de trouver des budgets pour équiper nos tandems de freins
à disque, et plus encore, de compléter notre flotte, de tandems performants et pleinement
fiables.
L’engagement et le don des uns éclairent la vie des autres.
Pour le sport, athlétique et amateur, dans l’action et dans la cohésion, le tandem club rhodanien s'engage.
A L'année prochaine